Elles étaient nombreuses, entre 1954 et 1962, à Alger, dans d’autres grandes villes et dans les villages au fin fond de l’Algérie, les femmes à avoir contribué à la lutte armée au sein du Front de libération nationale (FLN) et de l’Armée de libération nationale (ALN) contre la colonisation française. Certaines, comme Malika Gaïd, sont mortes les armes à la main, d’autres ont assisté à l’indépendance du pays.
C’est ce que rappelle ce documentaire de 72 minutes, réalisé par Razika Mokrani, qui rend hommage aux parcours de ces nombreuses femmes, lettrées ou non, qui ont pris fait et cause pour l’indépendance algérienne, chacune selon ses moyens et à sa manière.
Dans son travail, la réalisatrice s’est appuyée sur des témoignages de plusieurs chefs et responsables importants du FLN/ALN durant la guerre de libération, dont certains sont aujourd’hui décédés comme Redha Malek (1931-2017), l’ancien chef du gouvernement algérien, ou encore Yacef Saadi (1928-2021), le chef de la Zone autonome d’Alger du FLN/ALN pendant la Bataille d’Alger. Dans son entretien, ce dernier s’est exprimé notamment sur la mise en place de la cellule chargée de poser des bombes dans les « quartiers européens » d’Alger, en septembre 1956, qui a été selon lui une réaction à la pose d’engins explosifs dans les quartiers musulmans par des groupes colonialistes d’extrême-droite. La cellule a été composée de femmes avec des traits européens pour qu’elles puissent accéder, sans encombre, aux lieux fréquentés par les colons. C’est ainsi qu’ont été recrutées Zohra Drif Bitat, Hassiba Ben Bouali et les autres. Madame Bitat s’est d’ailleurs attardée, dans son témoignage, sur cet épisode en rappelant les circonstances de son arrivée au sein du FLN.
La femme algérienne, révolutionnaire à toutes les échelles
Au-delà de la capitale, la wilaya IV historique, où les femmes qui ont rejoint le combat libérateur, avaient bénéficié d’un minimum d’instruction, beaucoup d’autres, évoluant dans un environnement rural comme en Kabylie, généralement sans aucune instruction, ont également contribué au combat anticolonial. Le film nous permet par exemple de faire la connaissance de Ouiza Zamoum, veuve du militant nationaliste Ali Zamoum, ou encore de Saadia Mellah, veuve du colonel Ali Mellah, parler de leurs contributions respectives au combat aux côtés de leurs maris, enfants, etc.
Quant à l’ancien commandant de la wilaya IV historique, Youcef El Khatib, il a évoqué le rôle des femmes comme des agents de liaisons dans le Service propagande et information (SPI), mis en place par le FLN pour contrer les Sections administratives spécialisées (SAS) de l’armée coloniale.
En plus des femmes militantes au sein des différentes structure du FLN/ALN, beaucoup d’autres ont contribué d’une manière indirecte au fait révolutionnaire, dans les villages notamment, en préparant à manger aux combattants, en cousant et lavant les vêtements, en confectionnant le drapeau algérien, etc.
La réalisatrice a, par ailleurs, mis l’accent sur deux femmes ayant été des symboles dans la lutte contre le colonialisme, en l’occurrence Nafissa Hamoud, médecin au maquis jusqu’à son arrestation en 1957 et ministre de la Santé en 1991, et Malika Gaïd, infirmière de 24 ans morte les armes à la main en 1957.
Si la thématique est intéressante à plus d’un titre, le documentaire présente néanmoins quelques imperfections sur le plan technique. On a noté des images d’archives repassées plusieurs fois, des sous-titrages imprécis ou qui disparaissent durant certains passages ou encore l’absence de précisions sur l’écran par rapport aux « témoins » décédés. Pour rappel, ce documentaire a été produit par le Centre algérien de développement du cinéma (CADC) relevant du ministère de la Culture, dans le cadre des festivités du soixantenaire de l’indépendance. Chaque samedi, un nouveau film (court, long métrage ou documentaire) est projeté en avant-première à la Cinémathèque d’Alger-Centre. Il est ensuite distribué à travers le pays à travers le réseau des cinémathèques.