Décerné pour la deuxième année, le Centre national du livre (CNL) et l’Académie Goncourt ont attribué le prix Goncourt des détenus 2023 à l’écrivain franco-algérien Mokhtar Amoudi pour son premier roman Les conditions idéales (Gallimard).
Mokhtar Amoudi aura réussi son année 2023. C’est le moins qu’on puisse dire. Déjà au mois de septembre, il avait été le lauréat du prix « Envoyé par La Poste ». Sept ouvrages ont été présentés au jury pour remporter la neuvième édition de ce prix littéraire présidé par Olivier Poivre d’Arvor. Et en ce mois décembre, il décroche un nouveau prix. Après plus de trois mois de lectures assidues de seize livres en lice et à la suite de rencontres avec les auteurs conduites dans les centres pénitentiaires, Les conditions idéales a été élu par les délégués nationaux, vendredi 15 décembre, à huis clos au CNL, prix Goncourt des détenus.
Né en 1988, de parents algériens, Mokhtar Amoudi a grandi en banlieue parisienne. Il passe son enfance et son adolescence en famille d’accueil. Bon élève, il se passionne pour la littérature et notamment pour l’œuvre d’Honoré de Balzac. Après des études en droit des affaires, Mokhtar Amoudi est devenu analyste en gouvernance d’entreprise à la Caisse des dépôts.
Un roman inspiré de faits autobiographiques
Dans son roman, l’auteur de 35 ans écrit : « En quelques trimestres j’avais tourné casaque. Les Français m’évitaient, avertis par leurs parents des risques de mauvaise influence qu’ils couraient à me fréquenter. Pire, mes bulletins scolaires, ombre bien obscure, me qualifiaient de décadent et d’insolent. Devenu inapte à représenter ma classe, je laissai les professeurs m’achever lors du dernier conseil de l’année. On comparait mon apogée scolaire à la Renaissance ; un bon souvenir qui ne reviendrait jamais. »
Le livre raconte l’histoire de Skander, placé à l’Aide sociale à l’enfance dès son plus jeune âge. Un garçon curieux de tout, passionné par la lecture. Mais son destin bascule lorsqu’il atterrit à Courseine, en banlieue parisienne, chez la redoutable Madame Khadija. Au collège, il est entraîné malgré lui par les jeunes du Grand Quartier, qui abolissent sa boussole morale. La rue devient son royaume et l’éloigne chaque jour davantage de ses rêves d’enfant. Avec Les conditions idéales, « Mokhtar Amoudi signe un roman d’apprentissage au charme irrésistible », note le jury du prix.
Créé en 2022, le Prix Goncourt des détenus est porté par le CNL, opérateur du ministère de la Culture, et le ministère de la Justice, sous le patronage de l’Académie Goncourt. Il donne l’opportunité à près de 600 personnes placées sous main de justice de lire et de débattre autour de littérature contemporaine. Le jury national était issu de 40 établissements pénitentiaires. En 2022, le premier prix des détenus avait été attribué à Sarah Jollien-Fardel pour son roman Sa préférée (Éditions Sabine Wespieser).