Les 10 meilleurs films sur la Guerre d’Algérie

Nouvelle affiche du film La Bataille d'Alger
Chaque commémoration de l’une des dates historiques qui ont marqué la Guerre d’Algérie (1er novembre 1954, 17 octobre 1961, 5 juillet 1962, etc.) est une bonne occasion, en Algérie et en France, pour les chaînes télé, les plateformes SVOD et surtout pour les associations, à travers des projections-débats, de faire découvrir et redécouvrir les meilleurs films sur la lutte d’indépendance algérienne. Le conflit qui opposa politiquement et militairement le FLN à la France coloniale, entre 1954 et 1962, a inspiré beaucoup de grands cinéastes : français, algériens et internationaux, à l’image de l’italien Gillo Pontecorvo qui a réalisé le chef-d’œuvre La Bataille d’Alger. En Algérie postindépendance, le cinéma de guerre a été même le genre cinématographique maître pendant près d’un demi-siècle. Chronique des années de braise, de Mohammed Lakhdar-Hamina, a ainsi offert la seule Palme d’or à l’Algérie en 1975. Pendant 60 ans, des dizaines de films ont été produits sur la Guerre d’Algérie, partout dans le monde et avec des angles divers. Nous vous en proposons les 10 meilleures œuvres saluées par la critique.

10- L’ennemi intime

Affiche du film L’ennemi intime de Florent-Emilio Siri (2007)
Affiche du film L’ennemi intime (Florent-Emilio Siri, 2007)

En 1959, dans les montagnes de Kabylie où le FLN et l’ALN (Front de libération nationale/Armée de libération nationale) règnent sans partage sur toute la région en dehors des postes de l’armée française, le lieutenant Terrien, jeune officier idéaliste prend la relève de son camarade tué par l’ALN. Rapidement, il tombe dans le système brutal de la guerre en renonçant à ses idéaux d’humaniste.

Le cinéaste du film montre ainsi plusieurs aspects de la Guerre d’Algérie à travers le parcours militaire du lieutenant Terrien dans le village kabyle Teida. Il y découvre l’emploi de la torture, les exactions des civiles, l’utilisation du napalm par l’aviation française et les exécutions sommaires. On suit le jeune officier en train de se transformer lentement jusqu’à prendre part aux mêmes exactions auxquelles il s’opposait au départ.

  • Réalisation : Florent-Emilio Siri
  • Année de sortie : 2007
  • Genre : Drame & Guerre
  • Pays de production : France, Maroc
  • Durée : 108 minutes

9- Mon colonel

Affiche du film Mon colonel de Laurent Herbiet (2006)
Affiche du film Mon colonel (Laurent Herbiet, 2006)

Ce long-métrage de Laurent Herbiet sonne comme un réquisitoire sans concessions contre les pouvoirs spéciaux votés par l’Assemblée nationale de la IVe République en 1956, donnant les pleins pouvoirs aux militaires en Algérie. Ce qui a favorisé la mise en place d’une véritable machine de torture.

Tout commence en 1995, à Paris. Le colonel à la retraite Raoul Duplan est assassiné chez lui. La police chargée de l’enquête a trouvé dans son domicile une lettre anonyme intrigante : « Le colonel est mort à Saint-Arnaud ». Le cinéaste fait alors un long flash-back sur l’année 1957 à Saint-Arnaud (Skikda actuelle en Algérie). On retrouve alors un juriste, Guy Rossi, poussé à devenir un bourreau sous les ordres du colonel Duplan. Le jeune officier, engagé volontairement, découvre à ses dépens la cruauté de l’opération de « pacification », notamment la pratique de la torture à grand échelle et les exécutions sommaires.

  • Réalisation : Laurent Herbiet
  • Année de sortie : 2006
  • Genre : Guerre
  • Pays de production : France, Belgique
  • Durée : 110 minutes

8- R.A.S.

Affiche du film R.A.S. d'Yves Boisset (1973)
Affiche du film R.A.S. (Yves Boisset, 1973)

R.A.S., « rien à signaler » dans le jargon militaire et administratif, est un long-métrage franco-italo-tunisien. Il aborde la Guerre d’Algérie par le biais de l’insoumission de certains réservistes français appelés à rejoindre le front.

Ce film engagé d’Yves Boisset livre une lecture très critique du choix de la France de s’embourber dans une guerre qui n’avait qu’une seule issue, en se détachant des valeurs humanistes. Il montre la façon dont l’armée française traitait le phénomène des insoumissions des réservistes et revient sur d’autre sujets tus en France : la cruauté de la guerre, la torture, le viol, les assassinats et les exécutions sommaires.

  • Réalisation : Yves Boisset
  • Année de sortie : 1973 
  • Genre : Drame
  • Pays de production : France, Italie, Tunisie
  • Durée : 110 minutes

7- Le petit soldat

Affiche originale du film Le petit soldat de Jean-Luc Godard (1963)
Affiche du film Le petit soldat (Jean-Luc Godard, 1963)

Deuxième long-métrage de Jean-Luc Godard après À bout de souffle, Le Petit Soldat raconte l’aventure d’un déserteur français pendant la Guerre d’Algérie. Ce dernier se réfugie en Suisse où il travaille pour un groupuscule de l’extrême droite. Ses camarades le soupçonnent de mener un double jeu et, pour le tester, lui confient l’horrible tâche d’assassiner un journaliste, une mission qu’il a refusé d’honorer.

Tourné en 1960 par le cinéaste franco-suisse, le film ne sortira finalement qu’en janvier 1963 en raison d’une censure du gouvernement français, qui reprochait à l’œuvre d’aborder le phénomène de la désertion et la dénonciation de la torture. Cette fiction politique de Godard livre une réflexion sur la notion d’engagement.

  • Réalisation : Jean-Luc Godard
  • Année de sortie : 1963
  • Genre : Drame, guerre, politique
  • Pays de production : France
  • Durée : 84 minutes

6- Le vent des Aurès

Affiche du film Le vent des Aurès de Mohammed Lakhdar-Hamina (1966).
Affiche du film Le vent des Aurès (Mohammed Lakhdar-Hamina, 1966)

Considéré par la critique comme l’un des chefs-d’œuvre classiques de la cinématographie algérienne, c’est le premier long-métrage entièrement de production locale de l’Algérie indépendante. Il a représenté l’Algérie au Festival de Cannes, en 1967, et obtenu le prix de la première œuvre.

Ce drame de guerre met en scène les conséquences désastreuses de la Guerre d’Algérie sur les familles paysannes à travers le parcours héroïque d’une femme dans la région des Aurès, qui cherche sans relâche son fils raflé et incarcéré par l’armée française dans un camp en raison de son soutien aux combattants de l’ALN. La mère défie les affres de la vie quotidienne et les soldats français en parcourant tous les camps de la région jusqu’à ce qu’elle trouve son fils et d’y revenir régulièrement en dépit des menaces et des intimidations des militaires français.

  • Réalisation : Mohammed Lakhdar-Hamina
  • Année de sortie : (1966)
  • Genre : Drame, guerre
  • Pays de production : Algérie
  • Durée : 95 minutes

5- Hors-la-loi

Affiche du film Hors-la-loi de Rachid Bouchareb (2010).
Affiche du film Hors-la-loi (Rachid Bouchareb, 2010)

Le long-métrage de Rachid Bouchareb a été sélectionné en compétition officielle au Festival de Cannes et il a représenté l’Algérie aux Oscars, dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère.

Le film aborde la Guerre d’Algérie à travers les facteurs qui ont favorisé son déclenchement, notamment la dépossession des terres, les Massacres de Sétif, Guelma et Kherrata (est algérien) du 08 mai 1945 et le Massacre du 17 octobre 1961 à Paris.

Traduction française du terme arabe fellaga, le film Hors-la-loi évoque aussi la guerre fratricide dans l’Hexagone entre le FLN et le MNA (Mouvement national algérien, de Messali Hadj).

  • Réalisation : Rachid Bouchareb
  • Année de sortie : 2010
  • Genre : Drame historique
  • Pays de production : Algérie, France, Belgique, Tunisie
  • Durée : 140 minutes

4- Avoir 20 ans dans les Aurès

Affiche du film Avoir 20 ans dans les Aurès de René Vautier (1972).
Affiche du film Avoir 20 ans dans les Aurès (René Vautier, 1972)

Ce film antimilitariste est l’une des premières fictions françaises à aborder la guerre d’indépendance algérienne sur le front. Il a obtenu le Prix de la critique au Festival de Cannes en 1972.

Il relate l’histoire de jeunes Bretons, réfractaires et pacifistes, envoyés en Algérie pour combattre dans l’armée française contre les maquisards de l’ALN. Dans le massif des Aurès, ils découvrent les horreurs de la guerre et basculent dans la violence sous la houlette du lieutenant Perrin, qui a su transformer ces jeunes antimilitaristes en redoutables chasseurs des combattants du FLN et en violeurs de prisonnières. En revanche, l’un d’eux refuse le fait accompli et déserte en emmenant avec lui un prisonnier qui devait être exécuté le lendemain.

  • Réalisation : René Vautier
  • Année de sortie : 1972
  • Genre : drame historique
  • Pays de production : France
  • Durée : 97 minutes

3- L’Opium et le Bâton

Affiche du film L’Opium et le Bâton d'Ahmed Rachedi (1971).
Affiche du film L’Opium et le Bâton (Ahmed Rachedi, 1971).

Adapté au cinéma du roman éponyme L’Opium et le Bâton de l’écrivain algérien Mouloud Mammeri, publié en 1965, ce classique d’Ahmed Rachedi montre la lutte et les sacrifices du peuple algérien pour l’indépendance du pays par le prisme du quotidien d’un village de Kabylie.

Le film long métrage commence par la fuite du docteur Lazrag, qui symbolise les intellectuels engagés dans la cause d’indépendance, d’Alger vers son village natal Thala où se déroulent des combats intenses entre les soldats de l’armée française et les maquisards de l’ALN.

Au milieu des affrontements, les villageois qui tentent de résister aux bouleversements de la vie quotidienne sont pris dans l’engrenage en raison de la répression de l’armée française, et le conflit fratricide entre une majorité des villageois qui soutiennent le FLN et une minorité qui collabore avec les Français.

  • Réalisation : Ahmed Rachedi
  • Année de sortie : 1971
  • Genre : Drame historique
  • Pays de production : Algérie
  • Durée : 135 minutes

2- Chronique des années de braise

Affiche du film Chronique des années de braise de Mohammed Lakhdar-Hamina (1975).
Affiche du film Chronique des années de braise (Mohammed Lakhdar-Hamina, 1975)

Le long-métrage de Mohammed Lakhdar-Hamina est, à nos jours, le seul film algérien à avoir obtenu la Palme d’or, lors de la 28e édition du Festival de Cannes en 1975, dans des conditions houleuses dues aux menaces des groupuscules d’extrême-droite nostalgiques de l’Algérie française.

Cette œuvre n’aborde la Guerre d’Algérie que dans ses premiers jours, mais il a le mérite de mettre en exergue le long processus du combat des nationalistes algériens et les différents facteurs qui ont favorisé le déclenchement de la lutte armée par le FLN/ALN, le 1er novembre 1954.

Le film se focalise dans sa trame sur deux axes principaux : l’expropriation des terres et la déculturation. Il est composé de 6 parties, la première commence en 1939 et la dernière se termine le 11 novembre 1954 : Les années de cendre, Les années de braise, Les années de feu, L’année de la charrette, L’année de la charge et Le 1er novembre 1954.

  • Réalisation : Mohammed Lakhdar-Hamina
  • Année de sortie : 1975
  • Genre : Drame
  • Pays de production : Algérie
  • Durée : 177 minutes

1- La Bataille d’Alger

Affiche originale du film La Bataille d’Alger de Gillo Pontecorvo (1966).
Affiche originale du film La Bataille d’Alger (Gillo Pontecorvo, 1966)

C’est le chef-d’œuvre absolu parmi tous les films sur la Guerre d’Algérie. Il est classé par le British Film Institute dans le top 50 des meilleurs films de tous les temps.

Le long-métrage algéro-italien de Gillo Pontecorvo est une immersion au cœur de la guerre d’indépendance algérienne. On suit le destin tragique d’Ali Ammar, alias Ali la Pointe, l’un des plus redoutables combattants du FLN dans la Zone autonome d’Alger (ZAA). Lui et ses frères d’armes refusent de se plier devant la terrible répression de la 10e Brigade des parachutistes français et le colonel Mathieu qui tentent de venir à bout du réseau du FLN dans la ville d’Alger, notamment ses poseuses de bombes.

Cette œuvre néoréaliste, frappée de censure en France jusqu’en 2004, met en lumière la torture à grande échelle de l’armée française pendant la bataille d’Alger. Ce qui a d’ailleurs suscité l’indignation de la délégation française à la Biennale de Venise en 1966, refusant d’assister à sa projection.

  • Réalisation : Gillo Pontecorvo
  • Année de sortie : 1966
  • Genre : Guerre, drame, historique, politique
  • Pays de production : Algérie, Italie
  • Durée : 121 minutes

Laisser un commentaire

Articles les plus populaires

La librairie « La Joie de lire » de François Maspero, devenue les Éditions Maspero en 1959. Celle-ci a été la plus censurée durant la guerre d’Algérie avec 14 livres saisis, sur un total de 32 titres de 1954 à 1962 (©D.R).

Le rôle du livre dans la guerre d’Algérie

L’écrivain algérien le plus traduit et le plus lu au monde, Yasmina Khadra est « le visage » de la littérature francophone algérienne en France, une véritable star du monde culturel (©AFP).

La littérature francophone aux saveurs algériennes continue de séduire le lecteur français 

Portrait d'Idir

Musique algérienne de l’exil, partie intégrante de la chanson de France

Hamid Grine

« J’ai rencontré l’assassin présumé de Jean Sénac » (Hamid Grine)

Affiche Sila 2023

Salon international du livre d’Alger : La littérature africaine à l’honneur

Mokhtar Amoudi

Deuxième distinction pour le premier roman de l’écrivain Mokhtar Amoudi

×
×

Panier