Le 20 avril est une date symbolique en Algérie. Elle célèbre le « printemps » de la revendication culturelle et identitaire des Berbères ou plutôt des Amazighs, les Hommes libres, peuple autochtone d’Afrique du Nord, issu d’un large espace géographique historique qui va de l’oasis de Siwa jusqu’aux îles Canaries et de la mer Méditerranée jusqu’au Sahel.
C’est aussi ce jour qui est retenu en France par des centaines d’associations culturelles berbères, où activent des milliers de femmes et d’hommes originaires de diverses régions berbérophones, pour commémorer les sacrifices de leurs aînés dans la quête d’affirmation identitaire et de reconnaissance par les États nationaux qui ont « minoré » les populations amazighes, alors qu’elles sont présentes depuis « toujours » sur l’immense territoire aujourd’hui communément appelé Tamazgha.
En France, comme en Algérie d’ailleurs, il s’agit aussi de commémorer le jumelage naturel entre la cause berbère et la cause démocratique puisque l’ensemble des événements historiques et les actions de commémoration la concernant se font sous la devise de liberté, pluralité et laïcité. Dans ce numéro 4 de France Algérie Actualité, il s’agit donc de braquer la lumière sur le mouvement culturel berbère en France qui est, bien que vif et « hyperactif », invisibilisé dans les médias et souvent « snobé » par les autorités nationales françaises, quand il s’agit notamment de la promotion des langues « autochtones » ou « d’origine ».
Le Berbère ou Tamazight, une langue belle, ancienne et riche, est pourtant bien vivante dans des centaines de milliers de foyers français. Elle est un trait d’union précieux porteur de mémoire et de traditions au sein des familles d’origine berbères, mais aussi un outil de résilience et de revendication identitaire de plusieurs générations successives en France depuis le début de l’ère coloniale au Maghreb. Il est grand temps que le gouvernement français accorde au Berbère la place qui lui revient de droit dans l’espace public et dans les politiques linguistiques. Et cela passe forcément par sa reconnaissance et sa promotion comme une véritable langue de France, parmi d’autres y compris l’arabe.
Bien au-delà de la problématique purement linguistique, la culture berbère est un trésor qui enrichit le paysage culturel français de par sa diversité et son authenticité. Les festivals, les expositions d’art, les concerts de musique ainsi que les conférences et les débats sur la littérature et l’histoire sont autant d’occasions où les Berbères de France partagent fièrement leur culture avec le grand public.
Cependant, les acteurs du mouvement culturel berbère en France dénoncent régulièrement, à juste titre, le manque flagrant de moyens et de considération réservés par l’Etat à l’enseignement de Tamazight et la promotion de la culture berbère. Ils réclament, depuis des années, l’intégration du Berbère ne serait-ce qu’en option dans les programmes scolaires de l’école publique et la création de centres culturels berbères au moins dans les grandes villes, à commencer par Paris.
Ces revendications de la communauté berbère en France sont plus que légitimes car ses membres jouent un rôle dynamique et essentiel dans la vie sociale, économique et politique du pays. En plus de contribuer activement à sa richesse culturelle, ils participent également au développement du tissu économique local à travers leurs talents et initiatives entrepreneuriales innovantes, sans oublier leurs petits commerces de proximité. Leur présence remarquable dans divers secteurs professionnels et leur engagement associatif renforcent la diversité et la vitalité de la société française. De plus, en tant que citoyens français pour la plupart, ils contribuent activement à la vie démocratique en faisant entendre leurs voix dans les débats publics et en s’impliquant dans les institutions politiques et civiques, poussant à la construction d’une société réellement multiculturelle, plus inclusive et solidaire, dans un contexte de repli identitaire mortifère.