La figure de l’Algérien en France, peu importe son lieu de naissance, est celle de l’« étranger dont on ne veut pas ». Tous les fantasmes et préjugés racistes sur les immigrés arabes, africains, maghrébins et musulmans, hérités de l’époque coloniale, ont ressurgi ces dernières années et ils sont projetés sur les anciens « Français musulmans d’Algérie ». La réactivation de la mémoire de la guerre d’Algérie durant les années 1990, avec la période du terrorisme islamiste dans l’ancienne colonie en partie importé en Hexagone, a reconvoqué la représentation du « terroriste musulman algérien », « nationaliste », « extrémiste », « séparatiste », bref « l’ennemi intérieur ». Certains courants politiques se sont engouffrés dans la brèche créée par les attentats meurtriers de la décennie précédente commis par des jeunes binationaux pour imposer leurs amalgames et discours idéologiques au reste de la classe politique. À la moindre occasion, les musulmans sont montrés du doigt et soupçonnés de ne pas faire partie de la République. Certains n’hésitent même plus à dire qu’« on ne peut pas être Français et musulman pratiquant ». Pour évoquer ce sujet délicat, dans un dossier consacré à l’immigration algérienne, qui représente la communauté musulmane la plus importante de France, Chems-Eddine Hafiz, recteur de la Grande Mosquée de Paris, a accepté de nous accueillir. Et pour cause, au-delà de sa fonction, son profil est en soi un démenti à ceux qui disent qu’on ne peut pas être Français et Algérien, laïque et musulman, fier de la France des Lumières et de l’Algérie indépendante.
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Rien ne prédestinait notre hôte du mois à diriger une mosquée, et encore moins en France. Ce natif de La Scala, quartier populaire d’Alger, en 1954, année du début de la guerre d’indépendance algérienne menée par le Front de libération nationale (FLN), est « issu d’une famille nationaliste qui s’est engagée pleinement dans la révolution dès ses premières heures. Mon frère aîné, Mohamed-Samir, est tombé au champ d’honneur en 1958, à l’âge de 22 ans, et mon frère cadet, Salim, a été gravement blessé à 16 ans. J’ai également une sœur, Nadia, qui a été torturée car elle faisait partie du réseau de poseuses de bombes à Alger ».
Autant dire, que le jeune Chems-Eddine (soleil de la religion), certainement Chemsou (petit soleil) pour les copains algérois, seulement 8 ans à la signature des accords d’Évian et la fin de la guerre d’Algérie, a eu durant toute sa jeunesse une image assombrie de la France, le pays qui a affligé tant de souffrances à sa famille. « Dans mes souvenirs postindépendances, explique-t-il, il y a un moment particulier que je retiens, où j’avais un sentiment bizarre alternant entre une profonde tristesse et une grande joie d’un enfant insoucieux, plusieurs fois dans la même journée. Celle où ma famille se recueillait sur la tombe de mon frère martyr ». Chaque dimanche, puis rapidement chaque vendredi, c’était jour de pèlerinage pour la famille Hafiz et proches à Hammam Melouane, dans les hauteurs de Blida (à 50 km au sud-ouest d’Alger). « Nous étions 30 à 50 personnes, femmes, hommes et enfants, à marcher ensemble pour traverser l’oued qui nous séparaient de la dechra où il est enterré. Hormis les quelques minutes de recueillement très sobre, pour les enfants, moi et mes cousins, c’était une aventure joyeuse. On s’amusais même à jouer à la guerre à l’intérieur de la grotte où mon frère a été tué après un accrochage avec l’armée française. », se souvient-il.
Hafiz, l’enfant qui a appris la leçon de sa mère
L’algérois « pure souche », issu d’une très vieille famille, a passé une adolescence épanouie. « J’étais heureux à l’école, que j’aimais bien. J’avais beaucoup d’amis. Ils étaient originaires des quatre coins de l’Algérie. Je trouvais beau le fait d’avoir des origines, donc je m’en inventais selon celle du meilleur ami du moment. J’étais tantôt oranais, tantôt kabyle, … (rire). », se remémore-t-il avec nostalgie. Son père, Zerrouk, travaillait chez Hamoud Boualem et sa mère, N’fissa, était mère au foyer, autodidacte et militante pour les droits des femmes algériennes dès le début des années 1940. Ils lui ont inculqué des valeurs qu’il met en avant aujourd’hui : « le respect de l’autre, la tolérance, la générosité et, surtout, le sens du devoir ».
Sa mère en particulier a joué un rôle crucial dans le façonnage de sa personnalité, sur les plans humain et idéologique. « Elle m’a montré la voie, elle la femme forte et libre, qui a participé à la création de la première union des femmes algérienne. Durant la guerre d’Algérie, elle a transformé le garage de la maison familiale en lieu de transit pour les combattants algériens avant d’effectuer des missions à Alger ou aller rejoindre le maquis, comme l’a fait son fils aîné. Après la mort de celui-ci, elle ne l’a jamais pleuré car elle considérait qu’un martyr n’a fait que son devoir envers son pays. Le nôtre, ses trois enfants qui ont survécu à la guerre, était selon elle de tourner la page et de contribuer à reconstruction de l’Algérie indépendante. », raconte-t-il avec admiration.
Un avocat d’Alger à la tête de la Grande Mosquée de Paris
Progressivement, le souvenir de la France coloniale s’est éloigné de la mémoire du jeune Hafiz, laissant place « à celle des Lumières, de la laïcité et des droits de l’Homme, découverte plus tard à travers la littérature ». Quand il était étudiant à la faculté de droit à l’Université d’Alger, il s’était abonné à des revues spécialisées et des journaux français qu’il recevait chez lui. Il prête son serment d’avocat en 1986 et s’inscrit dans la foulée au barreau d’Alger. Pour des « raisons personnelles », il s’installe à Paris, à partir de 1990, et rejoint le barreau parisien en 1991. Ce que permettaient les accords bilatéraux entre les deux pays. N’ayant pas été vraiment dans ses projets, Me Hafiz tient à préciser que son départ d’Algérie a été « motivé par des considérations d’ordre privé et non pas politiques. Néanmoins, ce qui se passait dans mon pays durant la tragique Décennie noire m’a encouragé à m’engager rapidement ici ». L’avocat franco-algérien, ayant obtenu la « réintégration » dans la nationalité française en 1996, a fondé l’Association des avocats algériens de France, en 2001, qui a œuvré selon lui à « tisser des liens entre les avocats français et algériens, et à aider nos confrères exerçant en Algérie. Nous avons aussi mené plusieurs actions humanitaires ».
Avant et après être devenu l’avocat de la Grande Mosquée de Paris, en 1999, le futur recteur poursuivait continuellement ses engagements dans la société civile auprès de la communauté franco-algérienne et les cercles français amis de l’Algérie. « Depuis mon arrivée en France, j’ai toujours milité pour un rapprochement entre les deux pays. Même quand je faisais du droit international des affaires, je considérais que leur relation devait être stratégique, au même niveau que la relation franco-allemande. La France et l’Allemagne, deux pays qui se sont fait la guerre pendant longtemps, sont maintenant ensemble le moteur de l’Europe. Je considère que l’axe Paris-Alger peut et doit être le moteur de la Méditerranée. », argumente-t-il. Et d’ajouter : « Dès ma prise de fonctions en tant que recteur, j’ai immédiatement déclaré ma volonté de travailler pour le renforcement des relations entre les deux rives, et les communautés des deux pays ». Après une carrière de 34 ans en tant qu’avocat, Chems-Eddine Hafiz est élu président de la Société des Habous et des Lieux Saints de l’Islam, le 11 janvier 2020. C’est l’association propriétaire de la Grande Mosquée de Paris. Il succéda ainsi à Dalil Boubakeur au poste de recteur.
Organiser l’islam de France sans prêcher
Mais alors comment un avocat laïque, de surcroît algérien, est-il devenu le « grand imam » de France ? « D’abord, il faut lever l’ambigüité, je ne suis pas imam et je n’ai aucunement prétendu l’être. Je m’occupe de la gestion de la mosquée, qui dispose de bons imams ; chacun son métier. Ensuite, membre de la Société des Habous depuis vingt ans, j’ai été élu démocratiquement par mes pairs. », a-t-il martelé avec assurance. Il affirme que les « attaques infondées » qui l’ont visé après son accession à la tête du plus important lieu de culte musulman français avaient des fins intéressées : « Elles venaient d’adversaires qui voulaient prendre le contrôle de la mosquée, en remettant en cause la transparence de mon élection ou ma légitimité à être recteur ». Or, l’ancien proche conseiller de Boubakeur était déjà le « numéro 2 » de fait de la mosquée, après avoir été élu vice-président de la Société des Habous dès 2003. Dans la même année, l’avocat participa à la fondation du Conseil français du culte musulman (CFCM), sous l’égide du ministère de l’Intérieur. Il en devient le vice-président en 2008.
Dans un souci de réaffirmer qu’il n’était pas sorti de nulle part et qu’il n’avait pas volé la place qui est la sienne aujourd’hui, comme le médiateur privilégié entre le gouvernement français et la communauté musulmane de France, il rappelle : « À la fin des années 1990, j’ai pris part aux consultations lancées par Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de l’Intérieur, pour organiser le culte musulman en France. C’est à ce moment-là que j’ai rencontré l’ancien recteur Dalil Boubakeur, qui m’a demandé de l’accompagner et de le conseiller sur le plan juridique. Selon son vœu, j’ai fini par intégrer la Société des Habous ». En 2005, Hafiz est désigné membre de la Commission Machelon qui, dans le cadre de la commémoration du centenaire de la loi 1905 sur la séparation des Églises et de l’Etat, a mené une réflexion juridique sur les relations des cultes avec les pouvoirs publics français. Elle a rendu son rapport en 2006.
L’homme consensuel pour Paris et Alger
Son parcours personnel depuis le début des années 2000, premièrement comme avocat « médiatique » – vu la constitution de la Grande Mosquée de Paris en tant que partie civile dans plusieurs affaires judiciaires de racisme, d’islamophobie, d’incitation à la haine ou d’injures en raison d’appartenance à une religion, dont la plus connue est celle intentée en 2006 contre Charlie Hebdo, qui avait publié des caricatures du prophète Mohammed –, et deuxièmement en tant que membre actif des associations du culte musulman, a finalement fait de lui « le profil idéal » pour remplacer Dalil Boubakeur, son « mentor » resté pendant près de 30 ans à la tête de la Grande Mosquée de Paris, une institution cultuelle aussi stratégique politiquement pour la France que pour l’Algérie. Difficile de trouver la perle rare qui satisfait aux exigences des deux Etats.
Connu pour être proche du gouvernement algérien depuis l’époque du président Abdelaziz Bouteflika, Hafiz revendique sa « proximité avec le président Abdelmadjid Tebboune », de quoi apporter une réponse sans détour à ceux qui lui « jettent cela à la figure comme une accusation ou un reproche ». Pour lui, en toute transparence, « c’est normal que l’Algérie s’intéresse à ce que fait la Grande Mosquée car elle continue de la financer en grande partie, pour le bien du culte musulman en France et de tous les musulmans sans distinction. Parmi eux, les ressortissants algériens ont un lien historique et important avec l’institution ».
Il peut se targuer, en même temps, du soutien du gouvernement français. « J’assume ce que je suis, profondément algérien, et je le dis à voix haute. De la même façon, je suis viscéralement attaché à mon appartenance française et à la France qui m’a accueilli. Lors de sa visite ici à l’occasion de la célébration du centenaire de la pose de la première pierre en 2022, le président Emmanuel Macron l’a souligné dans son discours et relaté l’engagement nationaliste de ma famille. », a-t-il lancé, avant de poursuivre : « C’est pour vous dire que je ne suis pas dans le secret ou le double langage. Contrairement à ce que disent certains, je ne dis pas aux Français ce qu’ils veulent entendre et aux Algériens ce qu’ils veulent entendre ».
Dénoncer les crimes d’Israël à Gaza sans être antisémite
En voilà une belle perche pour évoquer les réactions passionnelles, en Algérie et en France, qui ont suivi sa prise de position concernant la guerre que mène Israël à Gaza, en représailles contre les attaques du mouvement islamiste palestinien Hamas, le 7 octobre dernier. « Pour ceux qui voulaient l’entendre de bonne foi, ma prise de parole était claire dès le début. Je me suis positionné dans le camp de la paix. Ma position n’a évolué que par rapport à la situation qui prévaut sur place. J’ai toujours dit que la violence et la guerre ne sont pas la solution. C’est pour ça que j’ai personnellement condamné, sans hésitation, ce qui s’est passé le 7 octobre et la Grande Mosquée de Paris aussi, à travers les prêches des imams dès le 13 octobre. La loi islamique impose des règles strictes pour la situation des conflits armés, à commencer par l’interdiction absolue de s’attaquer aux personnes civiles, y compris de les prendre en otages. Et ça, nous l’avons rappelé plusieurs fois. », a-t-il assuré.
Et d’enchaîner : « Avec la réaction démesurée de l’armée israélienne en massacrant une population civile sous blocus complet, nous étions cohérents avec nous-mêmes en dénonçant une guerre de vengeance d’un Etat, qui dépasse de loin la loi du talion, dont les victimes sont des milliers de civils, majoritairement des enfants et des femmes. Ce qui se passe aujourd’hui dans la bande de Gaza, du nord au sud, est contraire à toutes les règles du droit humanitaire international ». Malgré « la grande émotion » que ce conflit suscite parmi la communauté musulmane française, le recteur salue « son comportement exemplaire, qui a fait éviter au pays l’importation violente du conflit dans son territoire. Même quand les manifestations propalestiniennes étaient interdites, les Musulmans de France ont réagi d’une manière intelligente : faire recours à la force de la loi ».
Tout en regrettant la recrudescence des actes antisémites depuis le début de la nouvelle guerre dans les territoires palestiniens, il « dénonce la récupération qu’en ont fait certains mouvements politiques pour dénigrer les musulmans français et les accuser d’être derrière l’émergence d’un ‘‘nouvel antisémitisme’’. C’est infondé ». Donnant l’exemple du premier recteur de la Grande Mosquée de Paris, Kaddour Benghabrit, et son imam, Abdelkader Mesli, qui « ont sauvé des centaines de Juifs durant la Seconde Guerre mondiale », il est convaincu que « l’antisémitisme est antonymique avec la foi musulmane. C’est ce que prêchent tous les imams rattachés à notre mosquée et aux mosquées de notre fédération nationale, en s’inspirant des grands érudits algériens comme l’émir Abdelkader et Abdelhamid Ben Badis ».
Quelle alternative aux imams détachés algériens ?
En évoquant les imams d’origine algérienne, ils étaient jusque-là 120 sur le total des 300 « imams détachés », originaires essentiellement de trois pays musulmans avec de fortes communautés immigrées en France : Algérie, Maroc et Turquie. Mais ils ne seront plus autorisés à rester sur le territoire français, du moins avec le même statut, à partir du 1er avril prochain. Déjà, depuis le 1er janvier dernier, aucun nouvel imam détaché n’est accepté en France. Cela vient en application d’une décision du président Macron, en 2020, qui a annoncé mettre un terme à l’accueil des imams formés et financés par des pays étrangers. « Le départ des imams algériens va laisser un grand vide dans nos mosquées. Formés en Algérie sur les valeurs de tolérance et de modération, quand le gouvernement a voulu réagir à la période du terrorisme des années 1990, entre autres, par l’organisation de la fonction d’imam, je ne vois pas en quoi s’en séparer va aider à se prémunir de la radicalisation, contre laquelle ils luttent eux-mêmes. Mais c’est une décision souveraine de l’Etat français, par la voix du Président de la République. La page des imams détachés est tournée et il faut donc trouver des alternatives pour avancer sur le sujet. », estime notre interlocuteur.
La formation des imams en France « n’est pas en soi un problème majeur », annonçant avoir déjà formé une promotion de 58 imams, qui ont eu leurs diplômes en novembre 2023. Cependant, « il faut pouvoir leur offrir un plan de carrière avec emploi stable et salaire décent ». Ce qui est très compliqué dans l’état actuel des choses, d’après lui : « Notre Etat laïque ne peut pas le faire directement. Parallèlement, le gouvernement veut mettre un terme aux financements étrangers du culte musulman en France, et les mosquées n’ont pas les moyens de salarier des imams permanents. C’est à ce niveau-là qu’il faudrait trouver des solutions concrètes et durables ». Dans ce sens, il plaide pour la création d’un « véritable statut de l’imam français », projet sur lequel travaille le Conseil national des imams, depuis sa création en 2021. « D’ici le 1er avril, il faut mettre en place un système qui va durer dans le temps pour pallier le départ massif des imams détachés. », prévient-il.
« La loi 1905 sert l’islam de France »
Contrairement à ceux, en France, qui pensent que la religion musulmane est incompatible avec la République et la « laïcité de l’Etat », Chems-Eddine Hafiz insiste sur le fait que « la loi sur la laïcité de 1905 a servi et sert encore l’islam de France. Ils sont donc entièrement compatibles. La laïcité est une chance pour l’islam, ce n’est pas un slogan, j’y crois. ». Sa démonstration vaut le détour : « La laïcité telle définie dans la loi n’est pas une négation des religions. Mais elle les met plutôt toutes à équidistance des pouvoirs publics. Il n’y a aucune religion privilégiée ou soutenue par l’Etat. Selon les lois de la République, l’islam est une religion égale aux autres religions présentes en France. Ça aurait été certainement pas le cas sans la loi de 1905. ».
Pour aller au bout de sa réflexion, il s’appuie sur le nombre de mosquées construites dans le pays : « 2 600 lieux de culte musulmans existent en France grâce à la même loi sur la laïcité. Par exemple, des fidèles qui sont confrontés à une opposition, y compris celle de responsables politiques ou d’élus locaux, peuvent la lever en faisant appel à la justice de la République ». Il y a bien des mouvements politiques grandissant qui utilisent et dévoient le principe de laïcité dans le but de marteler l’incompatibilité des musulmans avec la société française. « Je ne cesserai de m’opposer à tous les porte-paroles de la haine et de la discrimination antimusulmane. », a-t-il promis.
Le recteur de la Grande Mosquée de Paris considère qu’« en réalité, seuls les musulmans français radicalisés expriment des attitudes hostiles à la laïcité, généralement à cause de leur endoctrinement ». C’est pourquoi, l’institution qu’il dirige a mené plusieurs initiatives pour lutter contre la radicalisation, qui ont abouti notamment à la proposition d’un document de 40 recommandations pour prévenir la radicalisation et un manifeste contre le terrorisme. « La radicalisation n’est plus un phénomène importé de l’étranger. Il s’agit d’un problème national et intra-européen, souvent lié à de nouveaux arrivés dans la religion musulmane par la mauvaise porte, celle de l’islam politique. Si on prend l’exemple des attentats de ces dernières années, ils ont été commis majoritairement par des jeunes nés en Europe. », a-t-il noté.
Il relève « un sérieux problème existentiel chez ces jeunes désœuvrés dans la République. C’est l’échec de l’école, et de la société française d’une manière générale, qui les a livrés pour les uns au trafic de drogue et pour les autres à l’islam politique ». Dans le cadre des missions que mène la mosquée parisienne pour lutter contre la radicalisation, elle organise désormais régulièrement des colonies de vacances en Algérie pour les enfants qui ne peuvent pas voyager avec leurs parents par manque de moyens. « Nous pensons que ces futurs citoyens français ne doivent pas avoir une rupture avec leur pays d’origine afin de ne pas le mythifier ou de se victimiser, et pour les réconcilier avec leur double culture et découvrir l’islam séculier algérien. », espère l’avocat qui a eu l’habitude de faire cela en tant que militant associatif.
« Nous devons rappeler tout le temps, et auprès de toutes les franges de la société, que la binationalité doit être une force pour les deux pays et non une source de faiblesse pour l’un d’eux ou de discorde. Les gens racistes de l’extrême droite qui parlent de ‘‘Français de papiers’’ n’ont rien compris. Prendre la nationalité française pour un Algérien, né en France ou au pays, est synonyme non pas d’opportunisme mais d’une preuve d’amour, d’un apaisement des mémoires. N’oublions pas que, durant les premières décennies de l’indépendance, l’Algérien qui gardait ou qui demandait la nationalité française était considéré comme un traître par ses compatriotes algériens, un ‘‘mtourné’’ ou celui qui a changé sa veste ».
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