« À l’heure actuelle, plus de deux millions d’enfants ont été touchés par la crise et ont désespérément besoin d’une aide humanitaire », c’est le cri d’alarme lancé par Stefano Savi, Représentant au Niger de l’agence onusienne consacrée à l’amélioration et à la promotion de la condition des enfants. Il met en garde contre l’une des conséquences les plus néfastes de la crise politique et militaire actuelle, qui risque de mettre en danger de mort plusieurs milliers d’enfants.
1.5 million d’enfants nigériens souffrent de malnutrition
« La situation actuelle est très préoccupante et aggrave une situation humanitaire déjà désastreuse dans ce pays où la prévalence de la malnutrition sévère chez les enfants est extrêmement élevée ; l’une des pires en Afrique de l’Ouest et du Centre », a-t-il expliqué dans un communiqué publié, ce lundi, par l’UNICEF.
Considéré comme l’un des pays les plus pauvres au monde, malgré ses richesses, notamment en uranium, le Niger fait face en même temps à une terrible sécheresse qui risque de créer de gros besoins alimentaires durant la « période de soudure », qui s’étend de juillet à fin septembre prochain.
Déjà, avant le coup d’état militaire, perpétré le 26 juillet dernier, contre le président élu Mohamed Bazoum, l’UNICEF avait comptabilisé plus « de 1,5 million d’enfants de moins de 5 ans souffrant de malnutrition, dont au moins 430 000 souffrants de la forme la plus mortelle de malnutrition ».
Ce chiffre est susceptible d’augmenter « si les prix des denrées alimentaires continuent de grimper et si une récession économique frappe les familles, les ménages et les revenus », toujours selon la même source.
L’UNICEF appréhende également les pénuries d’électricité, constatées récemment, qui peuvent briser la chaîne de froid et mettre en péril les vaccins infantiles et les autres types de médicaments que l’organisation fournit aux enfants nigériens.
Pesante fermeture des frontières avec les pays de la CEDEAO
La fermeture des frontières avec certains pays de la CEDEAO (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest) a fait que « des fournitures vitales restent bloquées, indique l’agence, aux différents points d’entrée du pays alors qu’elles doivent être acheminées de toute urgence vers le Niger ». L’UNICEF dénombre notamment : 2 conteneurs bloqués à la frontière béninoise avec des équipements essentiels au maintien de la chaîne du froid, 19 conteneurs bloqués dans le port de Cotonou (Bénin) avec des équipements de vaccination et de maintien de la chaîne du froid et 29 conteneurs destinés au Niger sont toujours bloqués en haute mer. Ils contiennent surtout des aliments thérapeutiques et des seringues. En attendant, ce lundi, plus de 300 camions sont arrivés dans la capitale Niamey, venus du Burkina Faso chargés de produits alimentaires.
L’organisation onusienne « lance un appel urgent » aux « acteurs » de la crise pour garantir l’« accès au Niger » pour les travailleurs humanitaires et les fournitures dont ils ont grandement besoin. De même, elle exige des « bailleurs de protéger les fonds humanitaires des sanctions multilatérales ou unilatérales ».
Sur le plan politico-militaire, le nouvel homme fort du Niger, le général Abdourahamane Tchiani, a annoncé samedi dernier une « période de transition de 3 ans au maximum », avant l’organisation de nouvelles élections dans le pays. Cette décision a été jugée « inacceptable » par Abdel-Fatau Musah, commissaire chargé de la sécurité et de la politique au sein de la CEDEAO, dans une interview accordée à la chaîne qatarie Al Jazeera diffusée lundi. « Nous voulons que l’ordre constitutionnel soit restauré le plus rapidement possible », a-t-il soutenu. De son côté, le général Tchiani a accusé la CEDEAO de préparer une attaque contre son pays, tout en prévenant que si une telle « attaque devait se préparer contre nous, ce ne sera pas la promenade de santé à laquelle certains semblent croire ».