Cette initiative de la diplomatie algérienne, sous les instructions du président Abdelmadjid Tebboune, marque l’engagement d’Alger et son volontarisme à jouer un rôle de médiation dans les négociations et les scénarios futurs dans ce dossier. Après avoir répété à plusieurs reprises son refus d’une intervention militaire au Niger, l’Algérie déploie tous ses moyens diplomatiques pour trouver une issue pacifique à la crise qui secoue ce pays depuis le coup d’Etat du 26 juillet dernier contre le président élu, Mohamed Bazoum.
Ahmed Attaf visitera d’abord le Nigéria, pays pivot de la CEDEAO, puis se rendra au Bénin et enfin au Ghana. Sa mission consistera à user de toute l’influence de l’Algérie et sa persuasion pour convaincre ces trois pays d’abandonner définitivement l’option militaire, en faveur d’un dialogue global et multilatéral pour résoudre l’équation nigérienne.
Dans ce sillage, il effectuera des « concertations » avec les dirigeants desdits pays, qui porteront sur « la crise au Niger et les moyens de la prendre en charge, à travers la contribution à une solution politique qui évitera à ce pays et à la région tout entière les retombées d’une éventuelle escalade de la situation », précise un communiqué de son département repris par l’APS.
La piste de l’intervention militaire sera-t-elle abandonnée ?
Depuis le déclenchement de la crise au Niger, l’Algérie n’a pas cessé d’appeler à la résolution du conflit par le dialogue. Bien qu’il ait condamné le coup d’État militaire et plaidé pour le retour à la légitimité constitutionnelle, le pays s’est toujours opposé à une intervention militaire de la CEDEAO.
L’Algérie craint que le recours à la force n’entraîne des conséquences désastreuses dans toute la région, d’autant plus qu’elle partage plus de 950 km de frontières avec le Niger. L’exemple de la Libye a renforcé la conviction qu’une résolution basée sur la force est inefficace pour résoudre les conflits.
Cette position algérienne a été récemment réaffirmée avec force lors d’un entretien accordé au Washington Post, à la mi-août, par Attaf qui a souligné que « même avant le coup d’Etat, la situation était très grave au Niger. Et il y a cette fameuse zone appelée la zone des trois frontières, réputée pour la forte concentration de groupes terroristes ».
Sur le terrain, la situation demeure figée. Trois jours après avoir annoncé leur intention de mener une action armée contre les putschistes au Niger, les pays de la CEDEAO continuent de temporiser, laissant croire un peu plus chaque jour à l’abandon de l’option militaire.
Au niveau international, les positions de certains pays clés, comme les États-Unis, n’ont pas changé. Washington aspire à une résolution politique du conflit, au même titre qu’Alger. Se dirige-t-on vers cette solution ? Les prochains jours nous le diront !