Parmi ceux qui y ont pris part, entre autres, le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Abou El Fadhl Baadji, le secrétaire général par intérim du Rassemblement national démocratique (RND), Mustapha Yahi, ainsi que les premiers responsables d’autres formations à l’image du Front El Moustakbal, TAJ ou encore El Karama.
Nouvellement élu à la tête de la centrale syndicale UGTA (Union générale des travailleurs algériens), Amar Takdjout a également participé à l’événement. C’est le cas aussi du président des Scouts musulmans algériens (SMA), Abderrahmane Hamzaoui, de la présidente de la Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA), Saïda Neghza, ainsi que des représentants de l’Organisation nationale des moudjahidine (ONM), des enfants de chouhada (martyrs) et de plusieurs zaouïas (confréries musulmanes).
Par contre, aucun parti politique de l’opposition n’a pris part à cette conférence. Même le parti islamiste MSP (Mouvement de la société pour la paix), qui avait pourtant participé aux réunions de préparation de la conférence, a fini par renoncer. Le président de son groupe parlementaire, Ahmed Sadouk, a estimé, dans une vidéo postée le 7 août dernier sur les réseaux sociaux, qu’il s’agissait finalement d’un cadre pour « reconstituer la majorité présidentielle ».
Reconstituer une alliance électorale ?
Lors de son allocution d’ouverture, Abdelkader Bengrina a tenté, néanmoins, de convaincre les uns et les autres que ce n’est pas le cas. Il a même affirmé que l’initiative n’est « pas en lien avec un quelconque enjeu électoral », faisant allusion à l’élection présidentielle algérienne de 2024. L’enjeu de ce rendez-vous important qui se profile à l’horizon, c’est de voir l’actuel président, Abdelmadjid Tebboune, briguer ou pas un second et dernier mandat. L’orateur a exprimé, toutefois, son soutien au chef de l’Etat « dans la défense du legs des chouhada, dit-il, et la préservation de la sécurité et de la stabilité du pays ».
Le MSP, parti d’origine de Bengrina avant sa dissidence en 2013 pour co-fonder le Mouvement Elbinaa, ne croit pas du tout au discours de celui-ci. La formation islamiste qui veut « rester dans l’opposition » craint la création d’une sorte de nouvelle « alliance présidentielle », qui rappelle le groupement partisan du même nom créé en 2004 en soutien au président de l’époque, Abdelaziz Bouteflika, à l’occasion de son deuxième mandat. L’alliance était alors composée du FLN, du RND et du MSP, avant que ce dernier ne s’y retire.
La conférence d’aujourd’hui comporte, en outre, des éléments de langage qui rappellent, à bien des égards, la proposition lancée, début mai 2022, par Tebboune lui-même, dite « initiative de rassemblement ». Celle-ci, faut-il le rappeler, et après les rencontres que le Président a eu séparément avec les chefs de nombreuses formations politiques, devait déboucher sur une « rencontre inclusive des partis politiques ». Elle ne s’est finalement jamais tenue.
L’avenir de cette initiative entre les mains du président Tebboune
Certaines voix avaient avancé, à l’époque, qu’il serait probable que le chef de l’Etat, devant l’éventualité de se retrouver uniquement avec des partis réputés trop proches du pouvoir, et ne voulant pas reproduire la démarche de son prédécesseur, aurait décidé d’abandonner son initiative. D’autant plus que, depuis son arrivée à la tête de l’Etat en décembre 2019, il a « encouragé » plutôt ce qu’il qualifiait d’« organisations de société civile » à prendre part davantage à la vie politique et de participer directement à la gestion des affaires publiques (gouvernement, parlement et assemblées locales).
Cela dit, cette stratégie a prouvé ses limites. Lors des législatives de 2021, les « listes indépendantes » ont réussi à décrocher seulement 84 sièges sur 407. Or, même avec leur soutien, Tebboune a toujours eu besoin des voix des partis traditionnels : FLN (98 sièges), RND (58 sièges), Front El Moustakbal (48 sièges) et Elbinaa (39 sièges) ; et ce, pour faire passer les lois soumises à l’Assemblée populaire nationale (APN) par le gouvernement. Tout cela pour dire que le « soutien » des formations politiques c’était avéré toujours nécessaire durant sa première mandature.
Est-ce donc l’idée d’« initiative de rassemblement » lancée par la présidence algérienne qui a été reprise sous une autre forme par Elbinaa et ses alliés ? Quoi qu’il en soi, à un peu plus d’une année de l’élection présidentielle, les participants au conclave du CIC évoquent la nécessité de « consolider le front interne » face aux nombreux défis régionaux et internationaux que l’Algérie devra relever. Cependant, cette affirmation de « bonne intention » ne suffit pas pour balayer les questionnements posés par rapport aux véritables objectifs de la conférence au vu de sa composante et l’absence criarde des partis de l’opposition et de la société civile autonome.
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