Dans un entretien accordé au Figaro Magazine lors de sa visite en Nouvelle Calédonie, fin juillet dernier, et publié mercredi, 2 août, le président français a averti : « Je ne veux pas être bousculé par des majorités de fortune ou des blocages. J’utiliserai ce que la Constitution me permet de faire ».
Cette nouvelle sortie présidentielle, inattendue, vient après que Les Républicains (LR), parti de la droite, et le Rassemblement national (RN), parti d’extrême droite, aient critiqué le contenu de ladite loi. Ils l’ont jugée trop « molle » et ne met pas un coup d’arrêt final à l’immigration légale et illégale comme ils le demandent.
Accompagner davantage les familles des émeutiers
Mais ce qui a versé davantage d’huile sur le feu, ce sont d’autres déclarations du président Macron établissant un rapport historique direct entre la France et l’immigration. Le locataire de l’Élysée a ainsi confié que « la France est une terre d’immigration et le restera ».
Ce qui a tout de suite fait bondir l’extrême-droite criant au scandale. Selon elle, le chef de l’Etat veut « maintenir l’immigration massive qu’on connaît aujourd’hui, mais la répartir différemment, et ce en installant de nouveaux immigrés dans les campagnes déjà très éprouvées par le chômage et le manque de travail et dans d’autres villes française ».
S’agissant de la demande de LR de couper les allocations aux familles des jeunes qui ont participé aux émeutes, ayant suivi la mort du jeune Nahel le 27 juin dernier, Emmanuel Macron a qualifié la proposition de « fausse bonne idée ». Il a expliqué plutôt qu’il faut « accompagner les familles des émeutiers, qui sont en grande majorité des jeunes de moins de 18 ans. Il faut donner beaucoup plus de moyens, mieux les préparer et en même temps les responsabiliser ». Il justifie son point de vue en disant que la proposition de sanctionner les parents « idéologise le débat » et risque d’« aggraver le problème »
Pas de lien entre délinquance et immigration
Tout en se félicitant de la « réponse implacable » de l’Etat face aux émeutiers, Macron a estimé que « 90 % des jeunes qui ont participé aux violences sont français », refusant ainsi le raccourci faisant le lien, comme on le trouve chez l’extrême-droite, entre immigration et délinquance. « Les émeutes ne sont pas un sujet d’immigration actuelle. C’est un sujet plus large de difficultés de certaines villes, de difficultés socio-économiques, de difficultés d’intégration dans certains cas et de fonctionnement de la démocratie à l’heure des réseaux sociaux », a-t-il martelé.
Ces déclarations, intervenues un mois après les actes de violences qu’ont connues beaucoup de villes françaises, semblent avoir douché les espoirs de la droite, républicaine et extrémiste, de voir leurs idées sur l’immigration primer au sommet de l’Etat. Elles ouvrent une nouvelle phase d’affrontements entre ces partis et le gouvernement, qui va s’accélérer dans les mois à venir.
Vers une diminution de l’immigration légale ?
Dirigé par le leader de la droite dure Éric Ciotti, député des Alpes-Maritimes, LR a promis de mener la vie dure à M. Macron lors du prochain débat au parlement autour de la nouvelle loi sur l’immigration. Les Républicains se sont dit prêts à aller jusqu’à déposer une motion de censure contre le gouvernement, si leurs propositions en matière de ce sujet ne sont pas prises en considération. Parmi elles, il y a l’expulsion de toutes les personnes ne possédant pas une carte de résidence française, ou encore la diminution drastique de l’immigration légale et contrôlée.
Pour rappel, le nouveau projet de loi sur l’immigration devait être examiné par le parlement français lors du premier semestre de cette année, mais il a été reporté pour des raisons d’agenda gouvernemental à la prochaine rentrée parlementaire.
Augmenter la cadence des expulsions et des visas talents
Plusieurs règles sont proposées par la majorité présidentielle dans ce projet afin de réguler davantage l’immigration. On peut citer, entre autres, l’accentuation des expulsions des étrangers sans papiers, notamment les délinquants, vers leurs pays d’origine. Comme il est proposé aussi de réduire le nombre de recours devant les tribunaux français, pour les résidents en situation irrégulière, de dix à quatre recours seulement.
L’autre loi phare consiste également à écourter les délais d’étude des demandes d’asile d’un an ou plus à seulement six mois, avec expulsion immédiate de toutes les personnes déboutées.
Concernant les métiers qui subissent une « tension » de main d’œuvre, la nouvelle loi va proposer d’accorder un titre de séjour d’une année renouvelable pour tous les travailleurs qui exercent dans des domaines où la main d’œuvre manque (restauration, hôtellerie, transports, construction, etc.). Enfin, le gouvernement compte mettre en place des « visas talents » qui visent à attirer une main d’œuvre étrangère qualifiée dans certains domaines (médecine, informatique, etc.).