Reporté à deux reprises, début mai puis durant la deuxième quinzaine du mois de juin, ce déplacement officiel du président Tebboune à Paris est donc maintenu. Cela dit, pour l’heure, aucune date n’a été avancée.
Les relations algéro-françaises ont connu beaucoup de remous ces trois dernières années, d’où les nombreuses et insistantes interrogations autour de ce voyage tant attendu.
Trois ans de relations tendues entre l’Algérie et la France
La première « brouille » diplomatique entre l’Algérie et la France a eu lieu, en mai 2020, à cause de la diffusion de deux reportages sur le Hirak par des chaînes de télévision du service public français. Alger a alors rappelé son ambassadeur à Paris, Salah Lebdioui, le 27 mai, « pour consultation ». Moins d’un mois plus tard, celui-ci regagne son poste.
Néanmoins, un autre différend beaucoup plus important a eu lieu, un peu plus d’une année plus tard. Le 2 octobre 2021, à la suite de déclarations tenues par le président français, Emmanuel Macron, et rapporté par le quotidien Le Monde, dans lesquelles il évoque, entre autres, une « rente mémorielle » entretenue à dessein par « le système politico-militaire », l’Algérie rappelle une nouvelle fois son ambassadeur, Mohamed Antar-Daoud, qui n’a regagné son poste que le 6 janvier 2022. Et pour cause, le locataire de l’Élysée était récidiviste dans ses déclarations peu diplomatiques et, fait impardonnable, il avait insinué à la même occasion que « la nation algérienne n’existait pas avant la colonisation française ».
Finalement, sa visite effectuée en Algérie, du 25 au 27 août 2022, a été une occasion pour apaiser les tensions. Les deux chefs d’Etat avaient signé la « Déclaration d’Alger pour un partenariat renouvelé » et décidé de la mise en place d’une commission mixte algéro-française d’historiens qui traitera la question liée à la mémoire « sous l’angle historique et non politique ». C’est à partir de là que la visite du président algérien en France a été programmée. Or, en février 2023, un autre « incident » a quelque peu plombé les relations.
En effet, le 6 février 2023, l’activiste politique Amira Bouraoui, frappée d’une ISTN (Interdiction de sortie du territoire national) et après s’être rendue « clandestinement » en Tunisie, a pu partir en France étant « détentrice de la nationalité française ». En réaction, l’Algérie, qui évoque une « exfiltration clandestine et illégale d’une ressortissante algérienne dont la présence physique sur le territoire national est prescrite par la justice algérienne », a rappelé encore « pour consultation » son ambassadeur à Paris, Saïd Moussi. Le 24 mars dernier, les deux présidents ont eu un entretien téléphonique. « Il a permis de lever plusieurs ambiguïtés concernant cette affaire qui a suscité des dissensions dans les relations bilatérales », a indiqué un communiqué de la présidence algérienne. Quelques jours plus tard, le 30 mars, l’ambassadeur Moussi retourne à son poste.
Quelle sont les raisons du report de la visite de Tebboune à Paris ?
À la mi-avril 2023, Le Figaro a évoqué « le report d’un commun accord » de la visite d’Abdelmadjid Tebboune à Paris, prévue initialement les 2 et 3 mai. Certaines informations l’ont expliqué par « le manque de préparation des dossiers » et d’autres par « un problème d’agenda ».
Une nouvelle date a été avancée, par la suite, pour le mois de juin. « Les deux Présidents ont évoqué les relations bilatérales et les moyens de les renforcer, y compris la visite d’Etat du président de la République, en France, qu’ils ont convenu d’organiser la deuxième moitié du mois de juin, sachant que les équipes des deux pays poursuivent le travail pour en assurer le succès », a souligné un communiqué de la Présidence algérienne, le 24 avril, à l’occasion d’un autre entretien téléphonique entre les deux chefs d’Etat. Toutefois, la fameuse visite n’est pas intervenue à cette date non plus, et aucun calendrier n’a été avancé pour l’heure.
Après plusieurs semaines de doutes et de spéculations, le président algérien s’exprime enfin sur cette question en indiquant que son déplacement en France aura bel et bien lieu. Cette déclaration intervient, pourtant, quelques jours seulement après une polémique entre l’agence de la presse officielle en Algérie, APS, et la chaîne publique France 24 à cause de la couverture des derniers incendies qui ont touché plusieurs régions algériennes. Les présidents Tebboune et Macron semblent, apparemment, vouloir à chaque fois dépasser les tensions qui apparaissent cycliquement entre les deux pays.
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