Pour le plus vieux parti de l’opposition socialiste, il s’agit de rapprocher les positions de tous les acteurs politiques afin de sortir de la crise multidimensionnelle dans laquelle le pays est plongé depuis de longues années. Son Premier secrétaire national, Youcef Aouchiche, a donné pour preuve l’échec de l’Algérie d’accéder au groupe des BRICS. S’il estime qu’il ne faut « ni catastrophisme ni banalisation », il suggère que « les autorités du pays doivent tirer les enseignements » de cet échec en évitant désormais le « populisme » et en cherchant à apaiser le pays. Le parti appelle à un consensus national le plus large possible autour d’une plateforme commune de sortie de crise.
Du côté des acteurs pro-pouvoir, deux semaines avant le FFS, un groupe de partis, de personnalités politiques et d’associations avaient tenu une conférence nationale prônant le « rassemblement » et l’« union nationale ». Ses promoteurs ne le disent pas ouvertement mais leur projet, in fine, serait de créer un front de soutien au président algérien, Abdelmadjid Tebboune, qui devrait briguer un second mandat.
Selon leur logique, l’opposition ne peut, à défaut d’être mise sur le banc de la vie politique nationale, que se ranger derrière le chef de l’Etat pour « faire face aux menaces extérieures ». Le même discours été employé en 2017, quasiment par les mêmes acteurs, lors d’une initiative identique qui visait à « renforcer le front interne » pour « faire face aux menaces extérieures ». À l’époque comme en 2023, l’ennemi est désigné comme étant « le danger présent à nos frontières ».
Élection présidentielle algérienne 2024, seul juge ?
Quelques jours après cette rencontre, une fissure est cependant apparue dans ce conglomérat de partis politiques. Ainsi, le président du Parti Voix du peuple, Lamine Osmani, a dénoncé lors d’une conférence de presse son homologue d’Elbinaa, Abdelkader Bengrina, l’accusant d’avoir « récupéré » l’évènement à son profil. C’est, en effet, ce transfuge du parti islamiste MSP (Mouvement de la société pour la paix) qui a fait la prévente et assuré le service après-vente de cette initiative.
Parallèlement à ces collectifs, d’autres regroupements partisans avaient tenté de se faire entendre. C’est le cas de trois partis politiques de la mouvance démocratique, à savoir le RCD (Rassemblement pour la culture et la démocratie), l’UCP (Union pour le changement et le progrès) et le PT (Parti des travailleurs), qui ont tenu plusieurs réunions avant l’été. Ils travaillaient sur une demande de mesures d’apaisement à travers notamment la libération des détenus d’opinion ainsi que l’ouverture des espaces médiatique et politique. Quoique leur initiative ait été mise en sourdine pour l’instant, les trois partis sont toujours en contact et devront relancer leur action dans les prochains jours.
En face, le pouvoir reste hermétique. Il ne veut surtout pas reconnaître l’existence d’une « crise politique ». Dans chacune de ses sorties médiatiques, le président Tebboune a rappelé que les élections étaient « le seul moyen » d’arriver au pouvoir. Une manière de dire que l’élection présidentielle 2024 reste l’unique tribune pour la classe politique, y compris l’opposition, où on peut porter ses projets. En attendant, tous les scénarios restent possibles, en sachant que Tebboune garde visiblement sa préférence de travailler en dehors des partis politiques et de s’appuyer sur « la société civile », ces réseaux d’associations acquises au pouvoir.