Alors que la droite et l’extrême-droite françaises mènent une campagne politique et médiatique depuis plusieurs mois pour revoir l’accord franco-algérien du 27 décembre 1968, les uns demandant de le renégocier et les autres carrément de l’abroger, le président Emmanuel Macron a toujours émis une fin de non-recevoir. Ce n’est pas le cas, semble-t-il, de sa Première ministre, Élisabeth Borne, pour qui la renégociation de l’accord avec la partie algérienne est « à l’ordre du jour ». À quoi joue-t-elle ?
On le sait, la demande de dénoncer l’accord franco-algérien, considéré comme étant « trop favorable » pour la venue et le séjour des ressortissants algériens en France à la fois sur les plans familial et professionnel, est devenu une obsession chez de nombreuses personnalités politiques, connues pour leur hostilité notoire envers l’Algérie et leur travail de sape permanent de tout rapprochement entre les deux pays. En plus de Marine Le Pen et de son poulain Jordan Bardella, président du Rassemblement national, d’Éric Zemmour, président de Reconquête, et sa porte-parole lepéniste Marion Maréchal, le prophète absolu de cette « croisade » n’est autre que l’ancien ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt. Celui-ci ne rate aucune sortie médiatique pour demander au gouvernement français de dénoncer l’accord bilatéral, « injustifié » selon lui.
Leur emboîtant le pas, la droite adhère entièrement au projet de « dénoncer l’accord ». De la droite dure, représentée par Éric Ciotti, président des Républicains, et son très probable candidat pour l’élection résidentielle de 2027, Laurent Wauquiez, jusqu’au centre droit où on retrouve des membres de la majorité macroniste à l’instar d’Edouard Philippe, président de Horizons, qui vise l’Élysée également, le mot d’ordre est le même : maintenir la pression sur le gouvernement pour atteindre leur objectif. Tout ce beau monde soutient une résolution dans ce sens qui sera présentée ce jeudi, 7 décembre, par Les Républicain dans le cadre de leur niche à l’Assemblée nationale. Celle-ci n’a aucune chance d’aboutir !
Macron reste opposé à la dénonciation de l’accord franco-algérien de 1968
Dans ce contexte, parallèlement à l’examen de la nouvelle loi immigration qui arrivera le 11 décembre dans l’Hémicycle de la même assemblée, la Première ministre, Élisabeth Borne, a été questionnée par Le Figaro, dans un entretien paru mercredi, 6 décembre, sur la possibilité de renégocier l’accord franco-algérien de décembre 1968 à la demande des autorités françaises. « Dans les conclusions du quatrième Comité intergouvernemental de haut niveau France-Algérie, qui s’est tenu en octobre 2022, nous avions évoqué l’ouverture de discussions en vue d’un quatrième avenant à cet accord. Nous avons des demandes et le gouvernement algérien en a de son côté. C’est donc effectivement à l’ordre du jour », a-t-elle répondu. Veut-elle éviter de froisser la droite en gardant la porte ouverte sur ce sujet afin que celle-ci vote le nouveau texte de la loi immigration sans passer par le 49.3 ? Possible.
Une telle déclaration de celle annoncée sur le départ de son poste depuis plusieurs semaines, à cause d’une « relation tendue » avec le président Macron selon certains médias, ne devrait pas trop plaire à ce dernier, qui fournit de grands efforts pour apaiser les relations diplomatiques entre Paris et Alger. D’ailleurs, il s’est exprimé clairement, au mois d’août dernier, sur ce débat en refusant de revenir sur l’accord franco-algérien. Hier encore, le 6 décembre, en plein Conseil des ministres, il s’est agacé contre la résolution portée par Les Républicains et soutenue par ses alliés du parti Horizons. « Je n’avais pas compris que la politique étrangère de la France était définie au Parlement », a-t-il ironisé, selon des propos rapportés par BFMTV. Il a, ensuite, rappelé sa position en faveur de « garder les équilibres » avec l’Algérie, rejetant ce qu’il a dénoncé comme une forme de « démagogie ».