Pour l’instant, les deux présidents sont en vacances. Mais l’annonce officielle ne saurait tarder, sauf si des événements imprévus viennent créer de nouvelles tensions entre les deux pays d’ici là !
Après des semaines d’hésitations et d’interrogations, c’est le chef d’Etat lui-même qui a confirmé le maintien de son voyage à Paris lors d’une interview diffusée, le 5 août dernier, sur tous les médias audiovisuels algériens. Il a cependant conditionné cette virée diplomatique par la mise en place d’un programme concret et ambitieux. « Je n’irai pas faire la parade sur les Champs-Élysées », a-t-il ironisé, refusant ainsi de faire une simple « visite touristique » et mettant la pression sur la partie française afin qu’elle fasse plus d’efforts. Cela suppose donc la nécessaire maturation de certains dossiers qui n’ont pas pu être travaillés ou proposés à la discussion.
Coopération économique franco-algérienne en panne
Si d’apparence les relations algéro-françaises évoluent en dents de scie, l’économie, la mémoire, la circulation des personnes et la sécurité constituent les principaux axes sur lesquels les équipes des deux gouvernements travaillent sans arrêt depuis de longues années. Sans forcément avoir de grands résultats palpables ! Et pour cause, ce n’est pas toujours facile que les deux gouvernements se mettent d’accord et d’avancer rapidement, à l’exemple du dossier des investissements français en Algérie.
Ces quelques dernières mois, en effet, seul le géant pétrolier Total a pu décrocher des contrats importants. Les autres entreprises, y compris les grands constructeurs automobiles Renault et PSA, ont vraiment du mal à s’implanter dans le pays. Pour débloquer certaines situations, les deux pays avaient mis en place, en 2013, un Comité mixte économique franco-algérien (COMEFA). Mais même ce cadre semble ne plus fonctionner depuis mars 2020 (annulation de la 7e session qui devait avoir lieu au premier semestre 2023).
Un grand challenge attend donc les deux équipes présidentielles pour se mettre d’accord, d’ici la fin de l’été, sur un programme de visite qui doit satisfaire à la fois le président algérien et son homologue français, Emmanuel Macron.
Certaines annonces importantes, notamment dans l’automobile, devront ainsi être faites à l’occasion. Il s’agit surtout de relancer l’usine Renault, implantée à Oran, à l’arrêt depuis plusieurs années, parce qu’elle ne faisait que « gonfler les pneus », accusait Abdelmadjid Tebboune en personne. D’autres grands projets seront également dévoilés, notamment dans le domaine de l’industrie pharmaceutique.
Dépasser l’obstacle de la mémoire coloniale
Le volet de la mémoire reste l’un des plus délicats de la relation algéro-françaises. Si le chef de l’Etat français a accepté de remettre à l’Algérie les restes de 24 combattants des résistances populaires du 19e siècle, le nombre de crânes restants dans les sous-sols du Musée de l’Homme, à Paris, demeure énorme. Certains historiens l’évaluent à plus de 300 ossements mis dans des boîtes de cette institution depuis plus de 150 ans.
Sur d’autres dossiers, les discussions s’éternisent. C’est le cas de celui des disparus de la guerre d’indépendance ou encore de l’indemnisation des victimes des essais nucléaires français dans le Sahara. Les autorités françaises ne seraient pas contre une indemnisation de ces familles qui habitent dans les environs des sites contaminés, mais proposent l’application de la loi Morin, votée en 2010 pour indemniser surtout les victimes des essais nucléaires en Polynésie française. Or, les autorités algériennes veulent plus que l’indemnisation. Elles exigent la remise de toute cartographie des essais et la décontamination des sites, qui restent contaminés plus de 60 ans après leur « irradiation ».
Toujours dans le volet mémoire, les autorités françaises ont prévu des gestes symboliques à l’occasion de la visite de Tebboune. Ce dernier se rendra au Château Royal d’Amboise (à 220 km au sud-ouest de Paris), palais dans lequel l’Émir Abdelkader avait été emprisonné après sa reddition, en 1848, jusqu’à sa libération par Napoléon III, en 1852. D’ailleurs, les autorités françaises ont érigé une stèle en acier à l’effigie du chef de la résistance algérienne, à quelques pas du château. À cela s’ajoute la probable remise du premier rapport de la commission mixte d’historiens, mise en place à l’occasion de la visite de Macron à Alger, en août 2022.
Visas contre application des OQTF ?
La question de la circulation des personnes demeure l’un des points d’achoppement dans les relations franco-algérienne. Sur l’attribution des visas ou encore la concrétisation des expulsions des ressortissants algériens sous l’Obligation de quitter la France (OQTF), les choses avancent très lentement.
Ce qui crée d’ailleurs un cercle vicieux ! Au fur et à mesure que le nombre de visas attribués par la France diminue, le nombre d’Algériens qui arriveraient illégalement sur le territoire français augmente, par le biais des filières clandestines ou via l’Espagne et l’Italie. Le nombre des expulsés aussi. Le chiffre concernant ces derniers n’est pas encore communiqué. Il constitue souvent une pomme de discorde entre les deux pays.
Demeure le sujet de la sécurité. Si les deux Etats ont souvent des positions divergentes sur la gestion de la sécurité au Sahel car l’Algérie s’est toujours opposée à l’usage de la force pour régler les problèmes géopolitiques dans la région, comme c’est le cas actuellement au Niger, ils coopèrent néanmoins dans les échanges de renseignements sur les groupes terroristes y agissant. Cela ne s’est jamais arrêté, y compris lors des périodes de grandes tensions entre Alger et Paris.
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