Malgré ses excuses, Youssef Atal sera finalement jugé, le 18 décembre prochain, devant la cour de Nice, pour une publication de soutien à la Palestine jugée « antisémite ». L’affaire du latéral droit algérien de l’OGC Nice a pris des proportions inattendues. Si en France la classe politique et les médias l’ont condamné, en Algérie, il n’a reçu que des témoignages de soutien.
L’épisode Youssef Atal n’est pas près de trouver son épilogue. Le défenseur international de l’OGC Nice sera jugé le 18 décembre prochain devant le tribunal correctionnel de la même ville pour « provocation à la haine à raison de la religion ». C’est le parquet niçois qui a rendu public cette information, le 24 novembre dernier, après l’avoir placé en garde à vue dans les locaux de la police judiciaire pendant plusieurs heures.
Remis en liberté après paiement d’une caution de 80 000 euros, il devra s’expliquer devant la cour sur les raisons qui l’ont poussé à partager une publication en faveur de la Palestine. L’arrière droit des Fennec avait relayé, quelques jours après le début des bombardements israéliens à Gaza, une vidéo du prédicateur gazaoui cheikh Mahmoud al-Hasanat dans laquelle il demandait à Dieu d’envoyer « un jour noir sur les juifs » et « d’accompagner la main » des habitants de Gaza « s’ils jettent la pierre ».
La classe politique française vent debout contre Atal
Rapidement, ce post a soulevé un tollé au sein de la classe politique niçoise puis nationale. C’est le maire de Nice, Christian Estrosi, qui a ouvert le bal des critiques et des condamnations. Dans un tweet au vitriol, il écrit : « J’attends de Youssef Atal, s’il s’est laissé instrumentaliser, de présenter ses excuses et de dénoncer les terroristes du Hamas. Si tel n’était pas le cas, il n’aurait plus sa place dans notre club (OGC Nice ndlr) ». Plusieurs autres hommes et femmes politiques ont pris ensuite le relais. À l’image du député et président du parti Les Républicains, Éric Ciotti, qui a émis le souhait que le défenseur de Nice soit jugé pour « apologie de terrorisme ».
Pris dans une tourmente politico-médiatique qu’il n’a pas pu voir venir, le joueur algérien a tenté de « dégonfler » la polémique. Il a rapidement présenté ses excuses sur les réseaux sociaux et retiré sa publication. « J’ai conscience que ma publication a choqué plusieurs personnes, ce qui n’était pas mon intention et je m’en excuse », s’est-il exprimé sur Instagram.
Youssef Atal croit à l’idéal de paix
Et d’ajouter avec clarté : « Je tiens à clarifier mon point de vue sans aucune ambiguïté : je condamne fermement toutes formes de violence, où que ce soit dans le monde, et je soutiens toutes les victimes. Jamais je ne soutiendrai un message de haine. La paix est un idéal auquel je crois fermement ».
Néanmoins, les excuses de l’international algérien n’ont pas suffi pour tourner la page de cet incident puisque même la Fédération française de football a condamné avec « une extrême fermeté les actes » du défenseur.
De son côté, la Ligue professionnelle de football lui a infligé une lourde sanction en le suspendant durant sept matchs. Cette sanction a pris effet le 31 octobre dernier. Ce que les supporters de Nice n’ont pas tellement appréciée car ils considèrent Atal comme un joueur clé dans l’échiquier de Fransesco Farioli, le nouvel entraîneur de l’équipe azuréenne. Certains fans ont même exprimé leur soutien à Atal.
Soutien total à Atal en Algérie
Mais si le natif de Boghni, en Kabylie, a essuyé une multitude de critiques en France, il a en revanche reçu beaucoup de messages de soutien de la part de ses partenaires en équipe nationale algérienne et de l’ensemble du peuple algérien. L’ancien joueur de Manchester Riyad Mahrez, qui évolue actuellement dans le championnat saoudien, a exprimé son « soutien indéfectible » à son coéquipier sur Instagram. Il a également publié une photo en compagnie de Youssef Atal sur le réseau social X, sur laquelle on peut lire : « Soutien et courage à Youcef Atal pour cette épreuve, dans une affaire qui prend des proportions démesurées. On est tous derrière toi ».
En plus du capitaine de l’équipe nationale algérienne, tous les autres joueurs ont montré, via les réseaux sociaux, leur entière solidarité avec le joueur de Nice, l’un des chouchous des Fennecs. Ils lui ont tous donné de la « force ». S’abstenant de s’exprimer publiquement sur cette affaire depuis la publication de ses excuses, Atal a tout de même tenu à s’adresser sobrement aux gens qui l’ont soutenu après sa sortie de garde à vue : « Merci à tous pour votre soutien. À bientôt ».
Youssef Atal un des meilleurs latéraux droit au monde
Le défenseur de l’OGC Nice a commencé sa carrière sportive en Algérie, où il a joué pour plusieurs clubs : le CRB (Chabab Riadhi Belouizdad), l’USMA (Union sportive de la médina d’Alger), la JSK (Jeunesse sportive de Kabylie) et le Paradou Athletic Club. C’est au sein de cette équipe, la seule véritable école de football dans le pays, qu’il a parfait sa formation. Bon en défense, n’hésitant pas à donner de sa personne parfois d’une façon dangereuse, il se fera remarquer par son jeu technique et ses chevauchées offensives.
Tenté par une carrière professionnelle en Europe, il rejoint le club belge de Courtrai, en 2017. En 2018, il sera transféré à l’OGC Nice. Il y fera ses preuves dès la première saison. Depuis, il est devenu un élément indiscutable au sein de l’équipe et irremplaçable à son poste. Ce qui lui vaut d’être appelé en équipe nationale algérienne où il brille en 2019, année où l’Algérie remporta sa deuxième Coupe d’Afrique des nations (CAN).
Cette belle histoire d’un jeune footballeur qui a travaillé durement pour arriver à un tel niveau de performance, avec un comportement qui a été toujours exemplaire à l’intérieur et à l’extérieur des terrains, y compris de l’aveu des supporters de Nice qui le classaient souvent parmi leurs joueurs préférés, n’a pas empêché une certaine classe politico-médiatique française de le sacrifier pour des fins politiciennes malgré ses excuses. En attendant l’issue de son procès, Atal sera quoi qu’il en soit privé de jouer en club jusqu’à février 2024, c’est-à-dire après la CAN. Une bonne partie des supporters algériens, s’exprimant sur les réseaux sociaux, voit dans les sanctions affligées à l’un des poulains de Djamel Belmadi de l’« acharnement »,voire du « racisme », l’appelant à quitter la ligue 1 lors du mercato d’hiver.