Bien que beaucoup d’Algériens préfèrent passer leurs vacances à l’étranger, notamment en Tunisie, il n’en demeure pas moins que cette année, nombreux sont ceux qui se dirigent vers les côtes méditerranéennes de l’Algérie grâce à des conditions d’accueil véritablement attrayantes et, cerise sur le gâteau, des activités et circuits touristiques variés, ne se limitant pas exclusivement à la mer.
La Kabylie est l’une de ces régions très prisées par les vacanciers locaux, les émigrés et les touristes étrangers. En plus de ses belles plages, elle se démarque par le development exceptionnel du tourisme de montagne, qui gagne du terrain chaque année. Il est particulièrement apprécié par les familles car il est associé à de nombreux festivals culturels et fêtes traditionnelles locales. Celles-ci drainent des milliers de personnes de différents horizons.
Pour commencer notre visite guidée, on se rend sur le littoral. Le constat est sans appel : les plages sont littéralement prises d’assaut. À partir de la mi-journée, il est difficile d’accéder en ville, par voiture, aussi bien à Tigzirt qu’à Azeffoun (deux villes voisines de Grande Kabylie, 120 km à l’est d’Alger). « C’est la première fois que je viens passer mes vacances à Azeffoun. Le cadre est agréable, les gens sont également hospitaliers. Cette année, il y a une grande affluence sur les plages surtout en ce mois d’août », nous confie un père de famille, qui séjourne dans l’ancien Port-Gueydon. Malgré les bouchons omniprésents sur les routes, très fréquentées en ce moment, les gens prennent leur mal en patience. Rien ne presse ! Venu de Bouira avec femme et enfants, l’estivant va passer une vingtaine de jours dans la « ville des artistes ».
Passer l’été chez l’habitant
Pour ce faire, il a loué un appartement chez un particulier. Répandu ces quelques dernières années, l’hébergement chez l’habitant vient vraiment en appoint des infrastructures d’accueil professionnelles (hôtels, auberges et centres de vacances), toujours insuffisantes pour satisfaire toute la demande sur les zones balnéaires. Il est ainsi important de souligner, à ce propos, que les communes côtières de la wilaya de Tizi Ouzou, à savoir Azeffoun, Ait Chafaa, Tigzirt, Iflissen et Mizrana, disposent actuellement de 12 hôtels, 08 auberges et plus de 500 maisons d’hôtes.
En 2022, Tizi Ouzou avait enregistré, selon le wali Djilali Doumi, « plus de 4 millions d’estivants venus des différentes régions du pays et de l’étranger ». Pour cette année, « les conditions ont été nettement améliorées. Ce qui permettra, a-t-il estimé, d’attirer plus de vacanciers qui viendront passer des moments de détente ». Le département dispose de 18 plages, dont 8 sont autorisées à la baignade.
En ce mois d’août, tous les commerces sont florissants et très colorés comme des fleurs de printemps. Les restaurants, pouvant correspondre à tous les goûts et budgets, enregistrent une forte affluence. À Tigzirt, on trouve de la glace faite maison, l’une des meilleures au monde. Les produits culturels attirent aussi de nombreux férus de l’histoire et des traditions de la région. De nombreux sites archéologiques sont visités : les ruines romaines de Tigzirt (l’antique Iomnium), le site de Taksebt (Rusupisir) et Azeffoun (Rusazus).
La généralisation des formules de l’hébergement chez l’habitant en Kabylie a permis de résorber le déficit en matière de structures d’accueil et d’encourager de nouvelles formes de tourisme. Les prix sont très compétitifs par rapport à ceux des hôtels. Un appartement F3 avec toutes les commodités (climatiseur, cuisine équipée, téléviseur, réfrigérateur, machine à laver, des lits pour quatre à cinq personnes, etc.) est cédé entre 6 000 à 8 000 dinars la nuitée en fonction de l’endroit, contre pas moins de 9 000 dinars pour une chambre double dans les établissements hôteliers classiques.
« La promotion du tourisme local passe par l’amélioration des prestations, le soutien à l’investissement, la proposition de produits touristiques à des prix compétitifs et la promotion de l’artisanat et des métiers », estime un élu local, qui ajoute que « Tizi Ouzou offre divers types de tourisme. Outre le balnéaire, le tourisme de montagne, historique, culturel et environnemental font également partie des activités qui attirent continuellement beaucoup de visiteurs ».
Des fêtes traditionnelles pour vulgariser l’artisanat local
L’organisation de festivals locaux et de fêtes traditionnelles s’inscrit justement dans l’optique visant la préservation et la promotion des spécificités culturelles, historiques et archéologiques de la région, admirées par quelques millions de touristes chaque année. Ces activités créent une animation particulière dans les villes et villages, près des côtes et sur les montagnes. Le mouvement associatif est mobilisé pour mettre sur pied des programmes festifs riches. Les locaux et les visiteurs s’en donnent à cœur joie pour profiter des galas artistiques, expositions, conférences et autres activités culturelles et sportives.
Le mois de juillet a été bien chargé en matière de manifestations culturelles qui ont animé les villages en Kabylie. Le village Ath Kheir, dans la daïra de Mekla, a abrité la 5e édition du Salon national de la poterie, du 13 au 17 juillet, manifestation placée cette année sous le thème : « Notre patrimoine culturel au cœur du développement local ». En plus de la poterie, les organisateurs ont mis en place des expositions d’autres objets traditionnels (vannerie, tapisserie, etc.), histoire de livrer au regard des visiteurs les différentes facettes de l’artisanat des quatre coins d’Algérie.
Dans la commune de M’Kira s’est tenue la 2e édition du Salon des produits du terroir, entre le 17 et le 19 du même mois. Quant à la municipalité de Bounouh, dans la daïra de Boghni, elle a accueilli la 1ère édition du festival culturel et artistique « Montagne art », les 21 et 22 juillet. Cet évènement a été organisé à l’initiative des associations culturelles Moh-Said-Oubelaid et « Akal di zuran » ainsi que l’association environnementale « La voix de la nature », au grand bonheur des amateurs du tourisme de montagne qui y ont assisté.
Ces jours-ci, les villageois d’Ath Yenni organisent la 17e édition de la célèbre Fête du bijou, qui s’étalera jusqu’au 18 août. Elle regroupe plus de 130 exposants issus de 15 wilayas du pays (Alger, Blida, Tiaret, Sidi Bel Abbès, Ouargla, Mostaganem, etc.).
On peut citer plusieurs autres fêtes du même genre organisées chaque année : existent : Fête du miel (Bouzeguène), Fête du tapis (Ath Hichem, Ain El Hammam), Fête de la robe kabyle (Ouadhias), etc. Toutes ces rencontres permettent la création d’espaces dédiés aux artisans pour la commercialisation de leurs produits et aux touristes d’acquérir des produits de qualité fait-main.
D’autres formes de tourisme cultuel embellissent les journées et soirées estivales kabyles. « Asensi n’Azrou n’Thour » (veillée du rocher du zénith) est une pratique ancestrale dans les monts du Djurdjura. La population des villages Zoubga, Aït Adella et Thakhlijt Ait Atsou organisent, chaque été, durant trois vendredis à tour de rôle, ce rituel qui permet aux visiteurs de passer des moments agréables dans des lieux féeriques, au paysage fabuleux et à la beauté naturelle sauvage. L’événement est célébré dans une ambiance bon enfant qui draine des milliers de personnes. Les « pèlerins » font, pour la plupart, un bivouac nocturne sur cette crête rocheuse.
L’art au service du tourisme de montagne
Tous les arts sont également de la partie dans les programmes d’animation estivale à Tizi Ouzou. La ville de Tigzirt a ainsi accueilli, durant le mois de juin, les festivités de la 1ère édition du « Carrefour du théâtre de rue inter-wilayas ». Les amoureux de la scène ont été bien servis, jour et nuit. Pas moins de 300 artistes, venus de plusieurs wilayas (Mascara, El Bayadh, Mostaganem, Tipaza et Oran), ont pris part à cette manifestation. Par ailleurs, il est non sans importance de noter que les lauréats du concours « Le village le plus propre de la wilaya de Tizi Ouzou » sont devenus des lieux d’attraction pour les citoyens de plusieurs régions du pays. Des familles viennent visiter la splendeur de ces magnifiques bourgades irrésistibles : Azra, Tiferdoud, Sahel, etc. Ces localités font valoir des potentialités touristiques insoupçonnées.
La joie de passer des vacances en Kabylie, connue par son attrait singulier pour la poésie et la musique, sans découvrir ses différents styles serait incomplète. C’est pourquoi, la direction de la Culture et des arts de la wilaya de Tizi Ouzou veille sur l’animation artistique, aussi bien au niveau du chef-lieu, sur le littoral qu’en montagne. Pleines d’activités sont ainsi organisées en collaboration avec les services culturels des mairies et le mouvement associatif.
La maison de la culture Mouloud Mammeri, le théâtre régional Kateb Yacine et la cinémathèque proposent des programmes nocturnes riches : soirées musicales, pièces de théâtre et projection de films. Des hommages aux artistes disparus sont initiés dans les villages des défunts, à l’image de celui rendu, il y a 20 jours, à Mohand Ouali Kezzar à Maraghna, dans la commune d’Illoula Oumalou, où la population a honoré la mémoire de son enfant prodige. Du côté de la daïra de Tizi Ghennif, à l’extrême sud-ouest de Tizi Ouzou, on a assisté à la 2e édition du Festival de la poésie amazighe. Cette manifestation, qui s’est déroulée à M’Kira, a rendu hommage au chanteur Farid Ferragui, natif de cette commune, qui fête 40 ans de carrière.
Enfin, les galas artistiques représentent un refuge nocturne « rafraîchissant » en cette période de chaleur caniculaire, qui sévit dans la région et qui a causé les feux de forêt ravageurs de fin juillet dernier. De belles soirées ont été animées par de grands artistes durant le mois de juillet, entre autres Rabah Asma et Takfarinas. D’autres, reportées à cause des incendies, devront être reprogrammées pour ce mois d’août. La fin des congés s’annoncent dansante pour de nombreux vacanciers dans la région.