Les agences de voyages et de tourisme algériennes, basées dans la wilaya de Tamanrasset, expriment leur mécontentement après « l’annulation » par Air Algérie de la réduction de 50% sur ses vols à destination du Grand Sud. La compagnie nationale se défend et assure que la convention est toujours en vigueur, mais elle demeure tributaire de son programme.
Mohammed Sollah, directeur d’une agence touristique à Tamanrasset et représentant des voyagistes en colère, souligne : « Selon l’agence Air Algérie, l’offre prendra fin à partir du 31 décembre 2023. Au-delà de cette date, les touristes souhaitant se rendre dans le Grand Sud devront acheter le billet au tarif complet. Cette décision est perçue comme une forme de sabotage du tourisme dans cette région qui attire un flux remarquable de touristes, notamment étrangers ». Il s’en remet ainsi au premier magistrat du pays, le président Abdelmadjid Tebboune, pour résoudre cette situation qui risque de compromettre sérieusement les engagements des autorités compétentes, mais aussi ceux des professionnels qui s’interrogent sur les véritables motivations d’une telle décision.
Par la même occasion, le même responsable énumère une série de problèmes rencontrés par les agences depuis le début de la saison touristique saharienne en octobre dernier et qui devrait se poursuivre jusqu’à avril 2024. Il critique vivement la compagnie aérienne Air Algérie et ses responsables, soulignant qu’« ils vont à l’encontre des décisions prises par les hautes autorités du pays ».
Un programme de vols insuffisant vers le Grand Sud ?
Sollah pointe du doigt la programmation de vols qui sont « constamment complets », surtout en cette période de fin d’année où l’afflux de touristes venant de tout bord atteint son pic. Et ce, à cause de la taille inadéquate des avions affrétés. Il préconise, donc, une « révision du plan de vols d’Air Algérie » en suggérant « le remplacement des aéronefs prévus par des avions plus grands afin de répondre à la demande croissante des touristes souhaitant explorer les monts basaltiques de l’Ahaggar ». Il insiste également sur la nécessité de revoir les horaires pour éviter les vols de nuit, permettant ainsi aux visiteurs de profiter davantage de leur voyage comme une expérience faisant pleinement partie du séjour à Tamanrasset.
Mohammed Sollah recommande, par ailleurs, l’ouverture de guichets supplémentaires dédiés aux vols charters pour répondre aux attentes des agences et ainsi contrer « les bureaucrates qui ternissent l’image du pays à l’international ». Et de lancer : « Il est temps d’envisager la création de guichets non seulement pour la vente de billets, mais aussi pour le traitement des demandes touristiques au niveau de la direction d’Air Algérie ». Il invite les responsables de la compagnie nationale à étudier la possibilité d’ouvrir de nouvelles lignes, telles que Alger-Tamanrasset via Batna, afin de promouvoir le tourisme domestique et de créer une nouvelle dynamique dans le Grand Sud.
Le Syndicat national des agences touristiques en colère
Qualifiée d’« absurde », la décision de la compagnie Air Algérie a suscité la colère du Syndicat national des agences touristiques (SNAT), qui condamne à la fois « ces accords puis leur annulation ». Selon le président du SNAT, Saïd Boukhlifa, ces décisions ont des « répercussions négatives sur les agences de voyages dans la planification de leurs circuits et expéditions dans le Sud », étant donné qu’ils doivent être élaborés et organisés au moins 4 à 6 mois à l’avance. Il critique le fait qu’Air Algérie, le pavillon national en particulier, « ne contribue pas au développement du tourisme domestique, contrairement à ce qu’elle suggère de temps en temps ».
L’expert et consultant en tourisme soulève, au passage, le « manque de respect des représentations locales d’Air Algérie envers les agences de voyage, classées comme de simples intermédiaires agréés ». Il regrette cela en rappelant que « les autres compagnies aériennes considèrent les agences de voyage comme des partenaires commerciaux à part entière, contribuant à l’augmentation de leurs chiffres d’affaires ».
Air Algérie rassure les professionnels du tourisme
Du côté de la compagnie Air Algérie, un responsable a affirmé, sous anonymat, que « la convention est toujours en vigueur et elle est réactivée en fonction du programme de la flotte d’Air Algérie ». Il explique qu’il s’agit d’une « convention destinée au développement du tourisme saharien dans les villes du sud, ce qui permet aux populations locales de faire connaître la richesse de notre Grand Sud et notre culture. Il faut rappeler aussi que cette convention est destinée aux groupes de voyageurs qui dépassent 10 personnes, sachant qu’actuellement le nombre d’agences de voyages dépassent les 4500, et ils sont tous demandeurs de ce produit ».
La même source a affirmé qu’« Air Algérie fait tout pour satisfaire leurs besoins en fonction des demandes. Mais il faut aussi prendre en compte que la flotte d’Air Algérie est composée seulement de 56 appareils, qui doivent couvrir des destinations nationales et internationales ». Autrement dit, l’offre de vols vers le sud reste limitée. Sur un autre plan, le représentant de la compagnie nationale dénonce une pratique commerciale préjudiciable pour Air Algérie, puisque « parfois, certaines agences de voyages ramènent des touristes étrangers dans le pays via des compagnies aériennes étrangères, et une fois en Algérie, ils demandent à Air Algérie de faire bénéficier les touristes de la réduction de 50 % ».